Pèlerinage et visites

Des activités vous sont offertes pour vous imprégner de la vie et des valeurs qui animaient Rosalie et qui se sont transmises jusqu’à maintenant.

  • Pèlerinage Sur les Pas de Rosalie

Les membres de l’équipe du Centre Rosalie-Cadron-Jetté animent un        pèlerinage intitulé Sur les Pas de Rosalie.

    • Vous pouvez le vivre en personne, dans les rues de Montréal, en parcourant les différents endroits que Rosalie a fréquentés et ceux où elle a vécu.
    • Vous pouvez vivre ce même pèlerinage, mais de manière virtuelle, par une présentation PowerPoint, soit par Zoom ou en présentiel.
  • Visite du Musée à la Maison de la FIM

Sur rendez-vous, les membres de l’équipe du CRCJ vous recevront à la Maison de la FIM pour une visite de la Maison où nous retrouvons un petit Musée dédié à Rosalie Cadron-Jetté et à l’œuvre des Sœurs de Miséricorde.

  • La Maison-Musée Rosalie-Cadron

Vous pouvez aller visiter la Maison-Musée Rosalie-Cadron à Lavaltrie où Rosalie est née et où elle a passé les premiers 28 ans de sa vie.

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Sur les Pas de Rosalie

Pèlerinage virtuel

Comme si vous y étiez!

Étape 1 - Introduction

Nous voici au début de notre pèlerinage virtuel sur les pas de Rosalie, au centre-ville de Montréal, où Rosalie a vécu, travaillé et accueilli les mères célibataires du temps.

Le pèlerinage commence à la porte sud du Complexe Desjardins, au centre-ville de Montréal, lieu de rassemblement des participant-e-s au pèlerinage, mais avant de commencer à parcourir les rues de la métropole, faisons un bref rappel des grandes lignes de la vie de Rosalie afin de nous situer dans le temps et dans l’espace.

Rosalie Cadron est née le 27 janvier 1794 à Lavaltrie, sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent.

Elle est la première enfant de Rosalie Roy et d’Antoine Cadron. Elle a eu un petit frère qui est décédé en bas âge et, ensuite, une petite sœur du nom de Sophie, née douze ans après sa naissance. Ses parents sont des cultivateurs modestes, mais ne manquant de rien. Sa mère est sage-femme, ce qui a sensibilisé Rosalie aux grossesses et aux accouchements.

Rosalie est élevée dans les valeurs de son temps. Elle ne sait ni lire ni écrire, comme 75 % des personnes de l’époque. Elle apprendra à lire plus tard, dans les ouvrages pieux qu’elle fréquentera.

Rosalie est très attachée à sa famille et elle fait la joie de ses parents. Elle est élevée dans un milieu familial où on y retrouve un esprit de famille imprégné d’amour bienveillant, de simplicité, d’accueil respectueux et d’hospitalité envers les personnes pauvres et malades.

Dès son enfance, elle a une attitude naturelle de piété, d’obéissance, d’amour pour le travail et de charité envers son prochain.

Rosalie se marie à 17 ans, à Lavaltrie, avec Jean-Marie Jetté, âgé de 33 ans et ils demeurent avec les parents de Rosalie. Ils auront 11 enfants dont six nés à Lavaltrie. Les cinq autres décèderont en bas âge. Rosalie et Jean-Marie élèvent leurs enfants dans des valeurs chrétiennes.

Pour eux, la responsabilité parentale va plus loin que de donner la vie, il faut aussi la faire grandir dans l’amour. Ils habituent leurs enfants à des réflexes d’accueil, d’amour pour Dieu et de compassion envers les plus démunis et les marginaux.

Alors qu’elle est à Lavaltrie, un premier événement inaugure la mission future de Rosalie : une famille de Lavaltrie, dont la fille est enceinte, est vivement déshonorée. Les parents demandent à Mme Cadron, sage-femme, de tuer l’enfant et de le brûler.

Ce sont des jumelles qui voient le jour. Mme Cadron donne tous les soins à la jeune maman et sauve la vie de ses petites. Elle les amène chez sa fille Rosalie enceinte de sept mois de son cinquième enfant. Peinés Rosalie et Jean-Marie ne peuvent garder les jumelles. Ils les font baptiser et elles sont amenées à la Crèche des Sœurs Grises de Montréal.

Plus tard, en vue de bien établir les fils aînés sur de bonnes terres, les Jetté déménagent sur la rive sud. Rosalie a alors 28 ans. Elle laisse derrière elle la maison familiale, une terre, un passé de paix et un bien-être pour le bien de sa famille. Ils demeurent deux ans à Verchères, puis tentent d’acheter une terre à la Présentation de Saint-Hyacinthe, en Montérégie.

C’est un désastre. Le vendeur de la ferme est un escroc. Des tractations illégales leur font perdre tous leurs biens, ils sont ruinés. Jean-Marie vit difficilement cette épreuve. Il ne dort plus. Son moral tombe. Que faire? Où aller? Et l’avenir de leurs enfants? Rosalie le soutient et l’encourage en lui disant que Dieu ne les abandonnera pas, qu’Il prendra soin d’eux. Malgré ces injustices épouvantables, Rosalie pardonne d’une façon héroïque.

Elle refuse de se venger : « Il vaut mieux pardonner à cet homme que déshonorer ses enfants. »

C’est alors qu’ils déménagent à Montréal, où habite déjà le frère de Jean-Marie et ils travailleront avec acharnement pour relever le sort de leur famille. Ils ont alors 7 enfants âgés de 2 à 15 ans. Rosalie a 33 ans à son arrivée à Montréal. C’est cette même année qu’elle rencontre un prêtre du nom d’Ignace Bourget. Malheureusement, d’autres épreuves l’attendent.

Les Jeté perdront les cinq enfants nés après leur départ de Lavaltrie. La pauvreté ne leur laisse pas de répit. De plus, Jean-Marie meurt en 1832 du choléra, emporté en 24 heures.

Rosalie se retrouve veuve à l’âge de 38 ans. Elle reste seule avec la responsabilité de ses enfants, dont un bébé d’un mois, Edwige, qui décédera à l’âge de 4 ans. Les plus âgés travaillent et contribuent au maintien de la famille. Elle prend soin de sa mère malade qui habite avec eux. La plupart des gens auraient vécu le désespoir, mais Rosalie puise sa force dans la prière. Elle accueille en elle la grâce de Dieu pour traverser ces épreuves.

Sa mère meurt 7 ans après Jean-Marie. L’abbé Bourget l’accompagne dans ces moments éprouvants.

Rosalie dévoue son temps à toutes les personnes de son entourage qui ont besoin d’aide. Ses enfants vieillissent et se marient. Rosalie a maintenant plus de temps pour s’engager dans des œuvres de charité. Les services que Mgr Bourget (devenu évêque de Montréal en 1840) lui demande sont de plus en plus orientés à aider les mères célibataires.
Elle commence ainsi à accueillir chez elle des filles célibataires enceintes. Voilà l’audace à l’œuvre! Ces mères, rejetées par la société, ne savent que faire. Elles commettent souvent l’irréparable, tentent d’avorter clandestinement, donc très dangereusement, attentent à leurs jours ou tuent leur bébé à la naissance… Ces situations déchirantes tourmentent Rosalie.

Pendant 5 années de grand travail, Mgr Bourget lui confie 25 filles enceintes. Rosalie réussit à placer ces enfants ou ces mères dans de bonnes familles. Souvent ce sont ses propres enfants qui prennent soins des mères et des bébés et ils vont même jusqu’à en adopter. Mgr Bourget reconnaît chez Rosalie un charisme de miséricorde et de compassion hors du commun.

Au printemps 1845, Mgr Bourget appelle Rosalie à l’évêché et lui expose son projet de communauté religieuse. Cette demande la bouleverse. Cela allait pour l’assistance aux mères célibataires, qu’elle appelait « ses chères enfants », mais de là à fonder une communauté religieuse. Elle se demande comment elle pourrait former des aspirantes à la vie religieuse. Rosalie prend un temps de discernement et de prière pour voir si c’est la volonté que Dieu a pour elle.

Elle accepte finalement d’entreprendre cette mission de miséricorde audacieuse. C’est le début d’une aventure qui dure encore de nos jours. Mgr Bourget lui demande alors de trouver une place secrète pour les accouchements. Et pour ce qui a trait à la communauté religieuse, il lui dit : « Dieu le veut ma fille! »
Elle trouva donc un logement pour les filles enceintes.

Étape 2 - Premier emplacement de l’Hospice de Ste-Pélagie

Quittons le Complexe Desjardins et tournons à droite sur la rue Jeanne-Mance. Nous nous dirigeons alors vers l’emplacement du premier Hospice de Sainte-Pélagie où Rosalie a commencé son œuvre de miséricorde et son accueil inconditionnel envers les mères célibataires. La rue portait alors le nom de Saint-Simon et elle était beaucoup plus étroite que maintenant.

Cet emplacement se situait dans la maison de son fils ainé, Pierre Jetté, qui venait de se marier. Il offrit à sa mère le grenier dans lequel elle monta la journée même par une échelle, fixée à l’extérieur, avec Domitille qui l’aida à aménager cette première maternité. Cette maison était très petite et bien basse. Elle paraissait enfoncée dans la terre. On voyait le jour à travers les joints. Elle était très chaude en été et glaciale en hiver. Il y avait une seule pièce, très dépouillée. Rosalie y faisait les accouchements avec l’aide d’une sage-femme ou du Dr. Wilfrid Nelson.

Voilà des débuts bien modestes pour l’Hospice de Sainte-Pélagie.

Les aspirantes, futures Sœurs de Miséricorde, avaient le nom de « Dames de Charité de Sainte-Pélagie. »

Quand Rosalie annonça à ses enfants qu’elle allait dorénavant se consacrer à cette œuvre, ce fut un choc pour eux. Ils craignaient pour la réputation de leur mère et la leur. Elle les accompagna avec tact et patience et demanda le soutien de Mgr Bourget. Il leur fera comprendre la vocation de leur mère et leur demandera d’accepter le sacrifice nécessaire.

Rosalie s’y installa donc, le 1er mai 1845, et y demeurera jusqu’au 4 mai 1846, moment où elle devra déménager, par manque d’espace.

Durant cette première année, Rosalie accueillit 20 filles enceintes. Là, comme dans les autres foyers, les filles pouvaient y demeurer avant et après leur délivrance. Elle avait une grande tendresse et une telle bonté pour ces mères. Elle les considérait comme ses propres filles et voulait qu’elles retrouvent leur valeur de femme et de mère. Rosalie donnait son lit lorsque la place venait à manquer.

Les enfants de Rosalie étaient épouvantés. Ils admettaient difficilement la misère dans laquelle vivait et travaillait leur mère. Ils voulaient la ramener de force chez l’un d’eux, prenant ses vêtements et ses effets personnels. Elle refusa : « Prenez ce que vous voulez, pour ma part, je reste ici. » Rosalie avait dorénavant donné sa vie pour ces mères célibataires. Touchée dans ses entrailles par leur misère et elle aurait fait n’importe quoi pour soulager leur désarroi.

Elle disait d’elles : « Elles sont mon cœur! »

La première personne qui s’associa à Rosalie fut Sophie Desmarets, 50 ans, veuve de Michel Raymond, envoyée par Mgr Bourget. Rosalie l’accueillit comme une sœur.

Étape 3 - Première partie : l’ancienne église Saint-Jacques - Deuxième partie : le palais épiscopal brûle

Première partie : l’ancienne église Saint-Jacques

Continuons le pèlerinage en entamant la troisième étape du trajet dans les rues de Montréal. De la rue Jeanne-Mance (voir Étape 2), rendons-nous sur la rue Saint-Denis, un peu au nord de la rue Sainte-Catherine, où se trouve la façade de l’ancienne église Saint-Jacques, maintenant intégrée aux murs de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Ce que nous voyons correspond à la façade de la deuxième église Saint-Jacques, le grand incendie de Montréal de 1852 ayant réduit en cendres la première, celle fréquentée par Rosalie.

Nous nous retrouvons ainsi sur les lieux de la grande piété de Rosalie, où elle passait ses dimanches et où elle puisait foi, espérance et amour pour continuer une vie d’aide et d’accueil envers la misère humaine.

De nos jours, lorsque nous passons les portes d’entrée, nous retrouvons ces magnifiques vitraux qui ont été laissés en place et qui embellissent l’espace en y laissant une note d’histoire.

L’endroit lui-même demeure rempli de signification pour ceux qui s’intéressent aux endroits parcourus et habités par Rosalie durant sa vie montréalaise.

L’église Saint-Jacques a été construite entre 1823 et 1825. Mgr Ignace Bourget y agit comme vicaire durant quelques années et c’est ainsi qu’il a rencontré Rosalie et qu’il en est devenu son directeur spirituel.

Rappelons-nous que c’est en 1827 que Rosalie était arrivée à Montréal avec son mari Jean-Marie et ses enfants, après avoir subi des revers de fortune difficiles. L’église toute neuve, située non loin de son logis, offrait à Rosalie un refuge bienvenu et un réconfort priant.

Au fil des années, les obligations familiales diminuant un peu, Rosalie a pu contenter sa foi vive en fréquentant assidûment l’église Saint-Jacques. Mgr Bourget apprit ainsi à bien la connaître, ce qui allait le conduire à demander à Rosalie de fonder une communauté pour venir en aide aux mères célibataires.

La relation intime et profonde que Rosalie entretenait avec Dieu était particulière. Pour elle, Dieu était miséricorde. Elle se savait habitée par sa Présence aimante et s’abandonnait à lui en toute confiance, elle ne se sentait jamais seule. Dieu la guidait et l’accompagnait dans ce qu’elle avait à vivre. Son désir de faire sa volonté en toute chose faisait partie de sa manière de vivre sa vie. Sa foi était abondamment nourrie de la Parole de Dieu, de la prière et des sacrements.

C’est à cette église, non loin de chez elle, que Rosalie ira puiser la force et le courage de traverser toutes les épreuves vécues depuis son arrivée à Montréal : l’extrême pauvreté, le décès de Jean-Marie, de ses enfants et de sa mère.

Elle se levait de grand matin pour prier, puis elle partait pour l’église. Elle n’en revenait que lorsque toutes les messes étaient dites. Elle se mettait ensuite au travail. À 15 heures, elle retournait à l’église, et n’en revenait qu’à 19 heures. On la voyait des heures entières à genoux devant l’autel de la Sainte Vierge, immobile comme une statue.

Deuxième partie : la Palais épiscopal brûle

Pour poursuivre le pèlerinage, il n’est pas nécessaire d’aller bien loin : il suffit de tourner le coin de la rue Saint-Denis et d’emprunter la rue Sainte-Catherine vers l’est. On se trouvera ainsi devant une façade de l’ancienne église Saint-Jacques maintenant intégrée à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). La première partie de l’étape 3, nous montrait une autre façade pareillement intégrée.

Cet emplacement n’a pas toujours accueilli l’église Saint-Jacques! À l’époque de Rosalie, on voyait là le tout nouveau palais épiscopal de Mgr Bourget. C’est à cet endroit que Rosalie a dit son oui inconditionnel à Mgr Bourget pour la mission ardue qu’il lui confiait.

Avec courage et force, elle osera ce chemin rempli d’inconnu, chemin qui l’amènera à vivre des souffrances, mais aussi de grandes joies et qui donnera un sens à sa vie en la transformant dans tout son être et son agir.

Construit en 1851, ce bâtiment devait servir de demeure à l’évêque en plus d’abriter ses bureaux et ceux du personnel diocésain. Malheureusement, un événement marquant allait contrecarrer les plans de Mgr Bourget : le Grand Incendie de Montréal du 9 juillet 1852!

Une étincelle provenant d’un petit poêle situé dans une maison en bois est à l’origine de cet énorme incendie qui a détruit plus de mille cent maisons en plus de pousser dix mille personnes à la rue. Les pompiers ont travaillé d’arrache-pied, mais comble de malheur, le réservoir d’eau municipal était vide! Des travaux de nettoyage et de rajouts de tuyaux étant en cours.

On devait donc se rendre au fleuve Saint-Laurent pour y puiser l’eau, ce qui ralentissait beaucoup le travail des pompiers. De plus, l’incendie se répandait à grande vitesse, aidé par un vent fort. Cette catastrophe a rasé des quartiers entiers de Montréal. La première église Saint-Jacques, de même que le palais épiscopal de l’évêque, n’y ont pas échappé.

En 1852, Rosalie vivait en communauté, au coin des rues Lagauchetière et Campeau. L’incendie s’est rendu jusqu’à proximité du couvent, causant une grande frayeur aux religieuses qui avaient commencé à enterrer, dans le jardin, les objets précieux de la chapelle. Heureusement, l’incendie a épuisé sa course juste à cet endroit.

Étape 4 - La maison de la rue Wolfe, 2e emplacement de l’Hospice Ste-Pélagie

La quatrième étape de notre pèlerinage nous amène au 1313, de la rue Wolfe à Montréal, endroit où Rosalie, ses compagnes et les mères accueillies durent déménager le 4 mai 1846, la maison du fils de Rosalie (voir l’étape 2) étant devenue trop petite pour les besoins grandissants de l’Hospice de Sainte-Pélagie.

C’est à cet endroit que fut vécu un moment important de la communauté naissante. Le noviciat de la future Communauté des sœurs de Miséricorde y a en effet ouvert ses portes le 26 juillet 1846, sous la direction spirituelle de Mgr Bourget.

De nos jours, cette bâtisse est la « Maison Jacqueline » de l’organisme La rue des Femmes, qui aide les femmes à se sortir de l’itinérance.

Rosalie et ses compagnes continuaient d’accueillir des femmes enceintes et de leur donner les soins obstétriques nécessaires, tout en suivant leur formation religieuse.

Une des nouvelles novices, Lucie Benoît, avait son père, Pierre Benoît, qui demeurait sur la même rue. Celui-ci dépannait souvent le noviciat qui était plutôt pauvre, car les sœurs devaient quêter la nourriture. Il offrait sa cour aux sœurs où elles pouvaient y fendre leur bois et étendre le linge de l’hospice sur sa corde à sécher.

Dans cette maison, on y aménagea une petite chapelle avec un chemin de croix. La messe y était célébrée le dimanche et une fois sur semaine. La chapelle était si petite que les filles assistaient à la messe dans le corridor avec quelques Sœurs. Les Sœurs couchaient dans un tout petit dortoir. Les filles accouchées couchaient dans la salle de délivrance.

À cette époque, l’abbé Antoine Rey était le directeur de la maison. C’était un prêtre français, homme bon, mais austère au plan des pénitences, dont le jeûne surtout, même pour les mères célibataires.

Mgr Jean-Charles Prince, quant à lui, était coadjuteur et remplaçait Mgr Bourget qui était en voyage à Rome. En novembre 1846, il annonce aux novices qu’elles doivent quitter leurs « habits mondains pour prendre un costume religieux. »

Les conditions de vie difficiles n’empêchent ni Rosalie ni ses compagnes de croire au bien-fondé de leur œuvre. Le propriétaire de la maison aimait bien les Sœurs et leur œuvre, mais personne ne voulait louer ses logements à cause du voisinage des mères célibataires qui déshonorait l’environnement. Il leur envoya donc un avis de congédiement. Mgr Prince chercha un nouveau refuge pour la maternité, mais les gens lui fermaient la porte au nez avec mépris.

Mgr Prince vint alors au noviciat, le 6 avril 1847, et demanda à Rosalie et ses compagnes de prier avec lui le Dieu de Miséricorde par l’intercession de Ste-Pélagie, leur patronne. La neuvaine se termina le 14 avril sans aucun résultat et le temps pressait.

Le lendemain, Mgr Prince inspiré va voir M. John Donegani. Celui-ci possèdait 65 propriétés. Sa démarche fut au-delà de ses espérances. M. Donegani prêta une de ses maisons, coin Ste-Catherine et Saint-André, gratuitement pour un an, et par la suite, 60 piastres par année. Rosalie avait cette confiance en la providence de Dieu. Elle disait « Dieu nous a confié cette œuvre à lui d’en assurer le succès. »

Étape 5 - La maison Donegani, 3e emplacement de l’Hospice Ste-Pélagie

Le 26 avril 1847, c’est le déménagement, le troisième en 2 ans. Un charretier transporte gratuitement les filles, peu à la fois, afin de ne pas attirer l’attention.

Nous voici, maintenant, à l’étape suivante de notre pèlerinage, au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-André.

Sur cette photo ancienne, on voit le bâtiment appelé la Maison Donegani, du nom de son propriétaire et bienfaiteur de la communauté naissante. C’est dans cette maison qu’à lieu un événement important dans la vie de Rosalie et dans celle de la communauté : la fondation, le 16 janvier 1848, de l’Institut des Sœurs de Miséricorde.

Les privations dépassent ce que les Sœurs avaient connu auparavant. Mgr Bourget arrivant de Rome, fut ébranlé par autant de pauvreté. Elles sont au pain et à l’eau. On répondait aux commandes de l’extérieur : cordonnerie, blanchissage de lingerie, couture, mais pour très peu en retour. On servait aux mères ce que l’on quêtait. Rosalie encourageait les Sœurs et bénissait Dieu pour leur dévouement et leur générosité.

À peine étaient-elles installées dans leur nouveau logis qu’un autre malheur s’abattit sur Montréal au cours de l’été 1847 : une épidémie de typhus! Les victimes furent nombreuses, entre autres, l’abbé Ray et la sage-femme, Mme Montrait. Deux autres Sœurs furent atteintes. Si le mal se propageait, la mission était en péril. Mgr Bourget leur envoie une relique de Sainte Béatrix que Rosalie expose dans la chapelle. Deux Sœurs qu’on croyait dans le coma furent guéries.

La fondation de la communauté.

Mgr Bourget prépare les novices par les « Exercices de Saint-Ignace ».

Le 16 janvier 1848, Rosalie et sept de ses compagnes ont fait profession religieuse et prononcent des vœux de pauvreté, chasteté et obéissance et un quatrième, le fondement même de leur mission, celui de « servir les filles et les femmes pauvres dans leur grossesse et leur accouchement.

Le lendemain, on procède à la nomination des Sœurs pour différents postes. Sœur Sainte-Jeanne-de-Chantal est élue supérieure et Rosalie, maintenant Mère de la Nativité, est nommée conseillère. Rosalie sera confrontée à une jalousie de la Supérieure. Toutefois, elle manifestera par son comportement une grande maturité spirituelle.

Afin de parfaire leurs connaissances en sage femmerie et à la demande du Collège des médecins du Bas-Canada, Rosalie, âgée alors de 55 ans, et ses compagnes ont acquis une formation poussée auprès du docteur Eugène-Hercule Trudel et ont reçu leur certificat de sage-femme en 1849. Ici, on voit une copie du certificat de Rosalie dont le nom était Sœur de la Nativité. Ainsi, Rosalie est devenue, avec ses compagnes de profession, pionnière en obstétrique.

Elles acceptent de former à leur tour des étudiants en médecine, installés dans une petite maison blanche située à l’arrière de la maison des religieuses. Malheureusement, les religieuses ont dû accepter, quelques années plus tard, de cesser leurs activités de sages-femmes au profit même de ceux qu’elles avaient contribué à former!

Nous retrouvons maintenant un édifice à condos à l’endroit même où était la maison Donegani.

Étape 6 - Première Maison mère appartenant aux Soeurs

Après nous être arrêtés au coin des rues Saint-André et Ste-Catherine, nous continuons notre chemin, en descendant la rue Saint-André vers le sud. Un seul coin de rue et nous nous arrêtons devant ce qui fut la première Maison mère de la communauté et ce, durant quatre-vingts ans, de 1851 à 1931 plus précisément.

En 1851, le besoin d’espace se fait de plus en plus pressant. Les Sœurs sont à la recherche d’une maison, elles font confiance à Dieu qui pourvoira à leurs besoins. Un terrain, où se trouvait deux maisons, une de briques rouges et une maison grise attire leur attention et pleines de confiance elles se disaient « Oh, si le bon Dieu voulait nous la faire avoir. »

Leur désir se réalise, la propriété est vendue à l’enchère. Les Sœurs l’achètent de justesse, M. Berthelet, leur prête 2500 dollars pour l’achat de ce terrain de 60 000 pieds carrés situé au coin des rues Dorchester (aujourd’hui René-Lévesque) et Saint-André.

La construction commence en 1853, aile par aile, au gré des moyens financiers de la communauté. La Maternité pour les mères célibataires accueille un nombre toujours grandissant de protégées et occupe une aile séparée.

L’entrée de la Maison mère, située dans l’aile du milieu, présente un superbe fronton. La chapelle était située à l’arrière de la partie avancée. La cloche qui appelait les gens à la prière avait été baptisée Marie Louise, en l’honneur de sa marraine Marie-Louise Hurteau.

Plus personne n’habite ces ailes anciennes, considérées maintenant trop instables pour abriter bureaux ou activités diverses. Leur présence sur le boulevard René-Lévesque rappelle cependant une œuvre importante et essentielle, celle de l’accueil des mères célibataires par les Sœurs de Miséricorde.

On voit ici le dôme de la chapelle. Cette photo a été prise en mai 2013.

La statue de la Vierge Marie qui a été sculptée à même les murs et qui ne peut pas être déplacée.

Une photo de la porte de la chambre de Rosalie qui était près de la chapelle. C’est dans cette chambre que Rosalie décèdera, le 5 avril 1868, à l’âge de 70 ans. Durant ces dernières années, Rosalie vécue de grandes souffrances physiques, Elle accepta sa maladie et offrait ses souffrances pour la santé de ses mères. Rosalie avait pour elles un amour maternel et elle disait souvent qu’elle était « prête, pour elle, à recommencer une vie plus laborieuse encore si telle est la volonté de Dieu ».

La porte de l’ancienne Maternité du 890, boulevard René-Lévesque à Montréal.

Étape 7 - Première partie : le Dr Wolfred Nelson; 2e partie : l'église Notre-Dame

Prenons, maintenant, le chemin qu’empruntait Rosalie pour se rendre chez le docteur Wolfred Nelson. Suivons d’abord la rue Saint-Hubert, puis tournons à droite sur la rue Saint-Antoine afin de nous diriger vers l’ouest en longeant le Champ-de-Mars. Au boulevard Saint-Laurent, tournons à gauche et arrêtons-nous au coin de la rue Saint-Jacques.

Nous nous trouvons devant un bâtiment de La Presse sur lequel une plaque commémorative est apposée.
C’est à cet endroit que se trouvait, à l’époque, la maison du Docteur Wolfred Nelson.

Rosalie va parfois le quérir en pleine nuit, marchant depuis la rue Wolfe, lorsqu’un accouchement s’avère difficile.
Dr Nelson, grand patriote et premier maire de Montréal, lui prête secours jusqu’en 1848, moment où Rosalie et ses compagnes commencent leur formation en sage-femmerie, sous les soins du Dr Eugène Hercule Trudel.

Voici la lanterne ayant appartenue à Rosalie que l’on retrouve maintenant au musée de la Maison de la Famille Internationale de Miséricorde.

Deuxième partie : l’église Notre-Dame

Reprenons maintenant notre route en suivant la rue Saint-Jacques, direction ouest, jusqu’à la Place d’Armes. Nous voici face à la récompense de Rosalie : l’église Notre-Dame. La construction de cette église fut commencée en 1823 et terminée en 1829.

Elle remplaçait la toute première église de Montréal qui était construite sur l’actuelle rue Notre-Dame, juste en face de celle-ci, tournée façade vers l’ouest, comme on peut le voir sur la reproduction qui accompagne ce texte (cette première église fut détruite en 1830).

C’est dans la nouvelle église, après avoir parcouru une longue route, beau temps, mauvais temps, dans la boue comme dans la neige, avec parfois plus d’un bébé dans ses bras, que Rosalie et ses compagnes portaient les nouveau-nés au baptême.

Le chemin qui menait de la maternité à l’église fut, plus souvent qu’autrement, un chemin de croix pour les pauvres petites sœurs qui devaient subir les quolibets de la foule qui les reconnaissaient et ne se gênaient pas pour les insulter.

Une fois à l’intérieur, les Sœurs font la file patiemment alors que les bébés qu’elles portent dans leurs bras sont souvent les derniers baptisés.

Il en est ainsi jusqu’en 1858, alors que Mgr Bourget accepte que les bébés soient baptisés à la maternité de la Miséricorde.

Voici la photo de Notre-Dame actuelle qui est devenue une basilique.

Étape 8 - La maison de M. Olivier Berthelet

Nous voilà en face de la maison Berthelet située à l’angle des rues Saint-François-Xavier et Place D’Youville.

Cette maison fut construite entre 1805 et 1815, par le père d’Olivier Berthelet.
À cette époque, M. Olivier Berthelet, homme politique et d’affaires influent à Montréal, était le bienfaiteur de diverses communautés et œuvres charitables de Mgr Bouget. Plusieurs communautés religieuses lui doivent la survie de leurs œuvres.

M. Berthelet apporta une aide considérable à l’œuvre de Rosalie. Il a été pour la Communauté un père de compassion; quand il voyait un besoin réel, son bon cœur ne pouvait résister. Il était le magasin des pauvres. L’hospice de Sainte-Pélagie, dont les conditions de vie étaient misérables, bénéficia de ses dons; il a fourni meubles, vêtements, nourriture, bois de chauffage et bien d’autres choses nécessaires. Sa sœur Thérèse a été également l’un des soutiens les plus constants de l’œuvre naissante.

Olivier Berthelet (1798-1872)De plus, les Sœurs de Miséricorde sont redevables à M. Olivier Berthelet de la construction d’une grande partie de leurs édifices de la rue Dorchester en plus des dons en immobilier.
Aujourd’hui, quand nous visitons la Pointe-à-Callières, nous voyons dans les sous-sols, les restes des fondations des entrepôts Berthelet érigés en 1817.
Olivier Berthelet est décédé le 25 septembre 1872 et il a été enterré dans le cimetière des Sœurs Grises de la rue Guy.

Rendons-nous maintenant à la dernière étape de notre pèlerinage, suivons la place D’Youville, direction ouest jusqu’à la rue Saint-Pierre.

Étape 9 - L’hôpital des Soeurs Grises

De l’église Notre-Dame, Rosalie et les Soeurs repartaient ensuite chez les Sœurs Grises pour leur amener les enfants. Cet hôpital, aujourd’hui résidence des Sœurs Grises, est situé à l’angle des rues Place d’Youville et Saint-Pierre, au 138, rue Saint-Pierre.

Ces treize années (1845-1858) de trajet pénible à pied, de la Maternité à l’église Notre-Dame et de cette paroisse jusqu’à l’hôpital des Sœurs Grises, avec des bébés dans les bras et au travers des intempéries saisonnières et des agressions les plus grossières, se sont terminées le 5 novembre 1858, date à laquelle Mgr Bourget décide que les bébés seront baptisés directement à la maternité de la Miséricorde.

En 1889, 25 ans après la mort de Mère Rosalie, les Sœurs Grises demanderont aux Sœurs de Miséricorde de pourvoir désormais à l’hébergement des enfants nés à leur Maternité, à cause de la surcharge de leur crèche. C’est alors que les Sœurs de Miséricorde organiseront leur première crèche pour « leurs enfants ».

Nous terminons ainsi cette marche sur les Pas de Rosalie. Ce pèlerinage nous a appris à découvrir cette femme exceptionnelle, Rosalie Cadron-Jetté, qui a vécu une vie de compassion et de miséricorde et de don de soi hors du commun et cette œuvre à laquelle elle a consacré les 20 dernières années de sa vie.

Bien qu’elle ait mené une vie toute simple et effacée, étant : enfant, jeune fille, épouse, mère, grand-mère, fondatrice et religieuse, et même si elle a poursuivi son œuvre dans l’ombre, elle a été reconnue de son vivant, à sa mort, ainsi qu’après son décès, comme étant une « femme des Béatitudes », imprégnée d’un charisme de miséricorde tout à fait exceptionnel.

Aussi, Rosalie, est-elle considérée comme une source d’inspiration pour notre monde actuel, en tout ce qui a trait à la vie depuis la conception jusqu’à la mort.

Aujourd’hui, 170 ans après la fondation de l’Institut des Sœurs de Miséricorde, la Famille Internationale de Miséricorde (Sœurs et laïcs) marche toujours sur les pas de Rosalie. Cette Famille, constituée de près de 900 membres, continue à perpétuer le charisme légué par Rosalie.

Tous sont unis par cette spiritualité du cœur et collaborent solidairement à cette même mission de service auprès des mères monoparentales et de leurs enfants. Rosalie invite chaque membre à s’engager avec respect et discernement pour la vie humaine depuis sa conception, rappelant que Dieu est le créateur de cette vie